Le déclin de Gucci : du Luxe aux soldes

By Olivier

Le monde de la mode et du luxe est en constante évolution, et parfois, même les géants de l’industrie peuvent connaître des revers spectaculaires. C’est le cas de Gucci, l’emblématique marque italienne, qui a récemment fait les gros titres pour des raisons bien moins glorieuses que par le passé. Plongeons ensemble dans l’analyse de cette chute inattendue, qui a vu Gucci passer du sommet du luxe aux rayons des soldes.

L’ascension fulgurante de Gucci sous Alessandro Michele

En 2015, Gucci connaît un tournant majeur avec l’arrivée d’Alessandro Michele à la direction artistique. Ce créateur italien insuffle un vent de fraîcheur à la marque, qui peinait alors à retrouver son lustre d’antan. Michele opère une véritable révolution stylistique, insufflant à Gucci une esthétique excentrique et audacieuse.

Je me souviens encore de l’effet que ces nouvelles collections ont eu sur le monde de la mode. Travaillant à l’époque dans une institution financière, j’ai vu mes collègues s’enthousiasmer pour ces pièces flamboyantes. Les fameux mocassins à fourrure sont devenus en un éclair l’accessoire incontournable des fashionistas.

Cette stratégie audacieuse porte ses fruits :

  • Les ventes de Gucci doublent entre 2015 et 2022
  • Le chiffre d’affaires atteint les 10 milliards de dollars par an
  • L’action du groupe Kering connaît une ascension fulgurante

Gucci redevient cool, séduisant une clientèle jeune et branchée. La marque multiplie les partenariats originaux, notamment avec Disney (Disney x Gucci) et The North Face, élargissant ainsi sa base de consommateurs.

Les signes avant-coureurs d’un déclin

Malgré ce succès apparent, des failles commencent à apparaître dans la stratégie de Gucci. La marque, dans sa quête de popularité, s’éloigne progressivement de son image de marque de luxe pour se rapprocher dangereusement du marché de masse.

Cette évolution n’est pas sans rappeler certaines tendances que j’ai pu observer dans le secteur bancaire. Tout comme une banque qui chercherait à attirer trop de clients au détriment de la qualité de service, Gucci semble avoir perdu de vue l’importance de l’exclusivité dans l’industrie du luxe.

Plusieurs facteurs contribuent à fragiliser la position de Gucci :

  1. Une dépendance accrue aux ventes dans les outlets
  2. Des partenariats qui diluent l’image de marque
  3. Une vulnérabilité aux caprices d’une clientèle moins aisée
  4. Un manque de diversification géographique et stratégique

Cette approche contraste fortement avec celle de concurrents comme Hermès ou Chanel, qui misent sur des classiques intemporels et une rareté artificielle pour maintenir leur désirabilité.

Pour avoir connu des amis travaillant cher Hermès, le nombre de sacs et de certains articles de mode sont limités, ce qui engendre une attente (pour créer cette rareté et cette exclusivité). Certains clients ayant commandé le sac Kelly, pouvaient attendre jusqu’à 2 ans avant de le recevoir.

déclin inattendu de Gucci

La chute brutale : entre crise chinoise et perte d’identité

La chute de Gucci s’accélère brutalement, révélant les failles d’une stratégie trop axée sur le court terme, ce qui n’est pas sans rappeler l’histoire tragique de la compagnie Boeing. Le groupe Kering, maison mère de Gucci, se retrouve dans une situation délicate, la marque italienne représentant 50% de son chiffre d’affaires et 75% de ses bénéfices.

Le mauvais pari de la marque a aussi eu des conséquences dramatiques, en voulant investir massivement dans la région Asie-Pacifique et notamment en Chine.
En 2015, la part des ventes dans cette région était de 35%. En 2021, la part est monté jusqu’à 45%.

Cette dépendance excessive au marché chinois s’est avérée désastreuse lorsque ce dernier a connu un ralentissement. Gucci a déclaré, au 1er trimestre 2024, une chute de 28% de ses ventes. De plus, en ciblant principalement les jeunes et les nouveaux riches en Chine, Gucci a négligé la clientèle plus mature et fortunée, fidèle aux marques de luxe traditionnelles.

Vers une renaissance de Gucci ?

Face à cette situation critique, Gucci et le groupe Kering semblent prendre conscience de la nécessité d’un changement de cap. François-Henri Pinault, à la tête du groupe, a annoncé son intention de recentrer la marque sur le segment du luxe, en réduisant notamment la présence dans les outlets.

Pour retrouver sa place au sommet, Gucci devra relever plusieurs défis :

  • Redéfinir son identité de marque en respectant son héritage
  • Diversifier sa clientèle et ses marchés
  • Trouver un équilibre entre créativité et intemporalité
  • Renforcer sa présence dans le luxe authentique

La clé du succès pour Gucci pourrait résider dans sa capacité à renouer avec ses racines tout en restant pertinent dans un marché en constante évolution. À l’image de LVMH dans le secteur du luxe et de la beauté, Gucci devrait peut-être s’inspirer des stratégies qui ont fait leurs preuves dans l’industrie du luxe.

En fin de compte, le défi de Gucci est de retrouver sa place parmi les marques de luxe authentiques, tout en conservant cette touche d’audace qui a fait son succès. Le monde du luxe observe avec attention cette phase de transition. La capacité de Gucci à se réinventer tout en restant fidèle à son essence déterminera son avenir dans cet univers impitoyable de la mode et du luxe.